Le reproche qu’il sentait dans sa voix le prit à l’orgueil, et il compris qu’il était de reprendre le contrôle de la situation.

  • Ma fille, dit-il en prenant soin d’insister sur chacun des mots, est sous médication depuis 5 mois maintenant. Je travaille chez Stardis, en tant que cadre en fait, et mes avantages m’ont permis d’accéder aux dernières innovations en terme de médecine. Je puis vous assurer qu’elle est en de très bonnes mains..
  • Je ne doute pas que vous preniez la chose très au sérieux répondit-elle d’un ton qui s'était radouci, néanmoins je fais simplement part de ce que je constate. J’ai bien entendu tenter d’établir le contact à chaque fois mais elle semble décider de tout garder pour elle, hormis lorsqu’elle dessine ou elle se livre un peu plus. Le thème est d’ailleurs très récurrent comme vous l’avez vu, cela tourne pas mal autour du thème de la persécution. Elle semble convaincu que des démons lui en veulent, dont certains se seraient incarnés dans ses camarades. Elle a…

L’institutrice ne semblait pas à l’aise avec ce qu’elle s’apprêtait à dire. Marianne termina d’un voix légèrement tremblante.

  • Battu au sang à un de ses camarades de classe, Tony Granjean.
  • Ce n’est pas aussi grave qu’il n’y paraît rattrapa Mélanie soucieuse de faire passer la nouvelle de façon moins brusque mais il aura besoin de quelques points de sutures et d’une bonne semaine de repos. Néanmoins vous vous doutez que cela n’ira pas sans conséquences. Les parents ont par chance consentit à ne pas porter plainte, mais l’établissement s’est engagé à lui proposer un suivi…
  • De quel droit pouvez -vous vous engagé à faire quoi que ce soit lorsque c’est à propos de ma fille!?

C’était trop. Lelland avait déjà noté à plusieurs reprises un comportement étrange de la part de la jeune qu’il voyait en face de lui. Après l’avoir contraint d’abandonner son poste, c’était désormais évident qu’elle tentait de saper son autorité. Il voyait désormais nettement le coin de sa bouche se relever légèrement, les plis sur le coin de ses yeux indiquant qu’elle souriait. Elle s’était attaqué à la mauvais personne.

  • Nous vous avions convié justement pour changer avec vous à propose de la méthode la plus pertinente répondit-elle d’une voix légèrement tremblant.

Elle avait perdu de sa superbe, certainement peu habituée à se faire invectiver de la sorte. Tant mieux. Elle apprenait simplement à qui elle avait affaire. Il se leva pour mettre fin à la discussion en la fixant de toute sa hauteur, droit dans les yeux.

  • Je pense que vous devriez avant-tout tenter de comprendre la raison pour laquelle ma fille, tout à fait saine depuis plusieurs mois maintenant je vous l’assure une nouvelle fois, à pu perdre le contrôle d’elle même au point d’infliger une telle chose à ce Tony, dont elle m’a déjà parlé au passage. Une brute irrespectueuse, qu’elle à même qualifiée de “véritable démon”. La moindre des choses serait de mener votre tâche correctement lorsque l’affaire est d’une telle gravité, et veiller à ne pas déranger les gens qui travaillent.

Sur ce, il adressa un signe de tête à sa femme, lui intimant qu’il était temps d’y aller. Cette dernière, à l’air horrifié qu’elle affichait, n’était de toute évidence pas d’accord avec l’attitude de son mari, mais elle se contenta d’adresser un sourire hésitant à Madame Arno qui ne savait que répondre, formulant des excuses silencieuses, avant de passer devant Thomas en baissant la tête, prenant bien soin de ne pas croiser son regard. La petite Elodie qui avait entre temps pris place sur une chaise à l’entrée de la classe, leur emboîta le pas.

Ils passèrent la porte d’entrée sans un mot, tandis que Marianne se précipitait dans la salle de bain, prétextant un besoin urgent. Thomas s’assis calmement sur le sofa du salon et attendit patiemment tandis qu’Elodie l’imitait. Une quinzaine de minutes plus tard, Marianne pénétrait a nouveau le salon et enfilait déjà son casque lorsque son mari l’interrompit sèchement:

  • Un échange s’impose je crois.

D’une main légèrement tremblante, elle s’arrêta net. Elodie, toujours égale à elle-même, se contentait de fixer son père, d’un regard profond, comme elle aurait fixer une bête curieuse qu’elle tentait de comprendre, sans succès.

  • J’ai été plus que surpris d’apprendre ce qui s’était passé ces derniers jours, et encore plus stupéfait de l’avoir appris de la bouche de cette instit.

Silence. Aucune des deux ne semblait prête à répondre.

  • Allez-y je vous en prie. Il n’y plus aucun intérêt à cacher quoi que ce soit je suis déjà passé pour idiot…
  • 2 secondes il t’a fallu… fulmina enfin Marianne
  • Comment ça? répliqua Thomas, piqué au vif
  • Peu importe. Cela fait des mois que l’on sait qu’Elodie ne va pas bien. Elle a besoin d’un autre diagnostique, et d’une vraie médication…
  • Nous y voilà explosa Thomas. La voilà la source du problème: mon entreprise ! Encore et toujours! Tu n’as jamais aimé me voir y travailler, je ne sais pas pourquoi d’ailleurs. Mon travail ne t’as jamais gêné, dumoins jusqu’à cette promotion.
  • Tu es incapable de penser par toi-même depuis qu’on ta servis ce poste sur un plateau d’argent! Ces enquêtes sur les condition de travail, sur les médicament qu’ils vendent peu de temps après..
  • Tu sais quoi lui dit Thomas que nous ne soyons pas d’accord sur le sujet passe encore. Mais que tu utilises notre fille en lui collant ses fragilités sous le nez dans le seul but de prouver que les pilules ne fonctionnent pas, c’est de la maltraitance pure et simple.

Marianne leva les bras, semblant implorer le ciel

  • Mais pitié arrêtes un peu de prendre tes grands airs et acceptes que quelque chose ne vas pas.

Elodie restait devant ses deux parents immobile. N’importe qui assistant à la scène et ayant aperçu une si jeune fille assise calmement devant un tel spectacle aurait été troublé par une telle attitude. C’est alors que, sans crier gare, elle quitta le fauteuil et disparut derrière la porte de sa chambre sans un mot. Ses deux parents, s’étaient alors tut et s’étaient regardé, un peu honteux d’avoir ainsi perdu leur calme, ce qui ne sous-entendait pas que la colère était retombé. Ainsi, Thomas s’allongea sur le sofa et croisa les bras derrière la tête, fixant le plafond. La conversation se terminait là. Marianne, elle claqua la porte de la chambre conjugal, et l’appartement plongea dans le calme, juste avant que la tempête.

Lorsque les deux parents qui eux étaient en grande partie passée outre leur dispute de la veille, avaient appelé leur fille pour qu’elle se prépare à partir pour l’école, ils ne s’étaient d'abord pas formalisé du peu de réaction qui avait suivi leur appel. Il lui fallait toujours 2 ou 3 injonctions pour enfin la décider à se lever. Mais lorsqu’au bout du 5eme appel ils n’avaient encore obtenu aucun résultat, ils comprirent que quelque chose n’allait pas. Lorsqu’ils se rendirent dans sa chambre et qu’il eurent la surprise de trouver la porte ouverte sur une pièce vide, l’incompréhension monta. Puis Thomas, peut-être par habitude ou parce qu’il avait sentit qu’il y trouverait ce qui cherchait, ouvrit la porte de la salle de bain. Ses jambes lâchèrent, ses genoux heurtant violemment le carrelage froid, émettant un “crac” sinistre. Il aurait été bien incapable de décrire quoi que ce soit, à vrai dire son esprit n’arrivait même pas à intégrer la scène. Il avait bien en face de lui ce petit corps désarticulé aux membres tordu dans un angle insolite mais ses yeux continuaient de fureter dans la salle de bain, cherchant Elodie Lelland. Marianne hurla, vrillant les tympans de l’homme agenouillé au sol. C’est alors qu’il remarqua le filet de salive mousseuse des lèvres de la petite fille dont les yeux vitrés fixaient un horizon qu’eux même ne connaîtraient que bien trop tard à leur goût. C’est alors que son regard tomba sur le pentacle d’un jaune pétant gravé sur la boite lové dans le creux de la paume de la fille, et qu’il comprit.